Quand on normalise les aggressions sexuelles

Chronique de sexisme ordinaire

[TW violences]

Ce soir, des larmes amères coulent sur mes joues, mêlées de ce qu’il faut d’ivresse pour réussir à arriver jusqu’à la prochaine inspiration. Je ne vis plus au jour le jour, je vis de respiration en respiration.

Ces dernières semaines ont été riches en micro/macro/giga agressions.

L’incompétence de la vulve : je travaille [très] dur dans le monde de la bière depuis 5 ans au dépit de mon doctorat, pour payer mon doctorat. Une cave, nous sommes deux: une femme, un homme. Quand un.e client.e entre, la personne se tournera toujours vers l’homme en premier pour poser une question. Mon collègue connaît moins le breuvage que moi. Ordinaire.

Je veux me faire poser un stérilet, parce qu’être à deux doigts du malaise et être exsanguinée à chaque cycle, c’est niet. Donc examen : enfonçage de spéculum sans un : vous êtes prête ? (Je suis survivante de violences sexuelles). C’était pourtant une femme (non sens). Ordinaire.

Un événement dans mon milieu : la personne s’arrête après qu’on ait échangé quelques mots :
-‘oh mais toi tu as pas soutif”
Bim elle m’offre une palpation mammaire.
Bis repetitam :
– » ils tiennent bien ».
Palpation. Devant une dizaine de personnes. Stupéfiée, incapable de réagir. Ordinaire.

Violences Gynéco

Prélèvement gynéco : le mec tu vois direct que ça l’emmerde, et que… bingo il te juge. Frottis et examens divers. Bref, spéculum à sec (question de prélèvement?), sans un : vous êtes prête ? Coton tige, en mode papier émeri, bazardés avec élan contre le col, violent, douloureux, Stupéfiée bis repetitam [encore]. Ordinaire.

Terrasse, le même jour, tard dans la nuit, deux amies, un ivrogne. Il parle au barman : « je suis sûr qu’elles sucent ». Oui j’ai suggéré que j’allais réduire ses dents en poudre. Non je ne l’aurai pas fait. J’étais à bout. Ordinaire.

Tout ça en un mois. La dépression et moi, on est de vieilles amies, et ces jours-ci on flirte.
Comment vous dire que c’est ma réponse à : à quoi sert le féminisme ? 4 semaines sans agression, voilà à quoi ça me servirait.

Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis bien entourée, et suivie par une formidable professionnelle de la santé. Malgré tout ça, ce soir, j’en ai gros.

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